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Commencements de S. Boniface


Le nom du moine était Winfried, et il avait près de quarante ans. Né à Kirton, dans le royaume de Wessex, il s’était instruit aux lettres sacrées et profanes dans les monastères d’Excester et de Nutscell. La réputation de son savoir l’avait fait appeler dans les chaires des couvents et dans les conseils des prélats aucun’emploi ne paraissait trop grand pour lui. Au milieu de tant d’honneurs, il s’était senti pressé de cette passion de l’apostolat qui commençait à gagner les monastères anglo-saxons, et, se rendant en Frise, il avait voulu voir « de quel côté ce peuple donnerait accès à l’Évangile. » Mais,

    intuitus in eum ; inquisivit an littéras ab episcopo suo commendatitias detulisset. At ille etiam concitus, exempto pallium chartam-ex more involutam litterasque protulit. » En écrivant la vie de saint Boniface, j’éprouve l’embarras de toucher à un sujet dont M. Mignet s’est rendu maître dans son beau mémoire Sur l’introduction de la Germanie dans la société de l'Europe civilisée. C’est là qu’il faut voir rassemblées dans le cadre d’une seule Vie, éclairées par des pièces concluantes, animées par de curieux récits, toutes les affaires du christianisme en Allemagne pendant le huitième siècle . Ce travail m’eut fait renoncer au mien, s’il ne l’avait au contraire encouragé, en plaçant sur le point principal une lumière qui m’aide à reconnaître les événements antérieurs ou subséquents, sur lesquels le savant historien n’avait pas porté ses recherches. M. Seiters, curé catholique de Goettingue, a publié une excellente histoire de saint Boniface (Bonifacius der Apostel der Deutschen, Mainz, 1845). Rettberg a consacré un chapitre considérable de son premier volume (Kirchengeschichte t.I , p. 309-419) à une appréciation de l’apôtre de l’Allemagne, où cet écrivain protestant, avec une loyauté qui l’honore, fait justice des accusations de l’ancien protestantisme. Un autre théologien protestant, mais de l'école puséiste d’Oxford, M. Gilles, a aussi voulu rendre hommage à la mémoire de saint Boniface par une publication complète de ses œuvres (Sancti Bonifacii archiepiscopi et martyris Opera, Londini, 1844, 2 vol in-8o).