Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/191

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Les païens se tournaient vers le Dieu des Francs, dont ils venaient d’éprouver les armes victorieuses et, le nombre croissant toujours de ceux qui demandaient à se faire instruire, les ouvriers manquaient à la moisson. Winfried s’offrit donc à l’évêque Willibrord, et le seconda pendant trois ans, détruisant les sanctuaires païens, élevant des églises, jusqu’à ce que le vieil évêque, surchargé d’années et de sollicitudes, lui proposât de l’associer l'épiscopat. Mais lui, troublé de cette proposition, se déroba aux instances de Willibrord, et quitta la Frise pour chercher des travaux obscurs chez des nations plus abandonnées. Telle était déjà la puissance de sa parole, que, s’étant arrêté au monastère de Palatiolum, près de Trèves, comme il commentait devant la communauté un passage de l’Écriture sainte qu’on venait de lire durant le repas, un jeune homme de quinze ans, nommé Grégoire, d’extraction royale et de la plus haute espérance, ravi des discours du missionnaire, déclara qu’il ne le quitterait plus, s’attacha à lui et devint un de ses plus illustres disciples. Winfried s’enfonça donc dans la Thuringe. Il y trouvait un pays ravagé par des guerres éternelles, des populations appauvries, parmi lesquelles il était réduit à vivre du travail de ses mains ; un petit nombre de chrétiens dans des bourgades mal défendues contre les incursions des barbares. Au milieu de tant d’alarmes, il commença à réunir les restes des