Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/299

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du pays et la fécondité du sol en faisaient un séjour désirable aux hommes. Le lieu leur ayant plu, ils en firent le tour ; après quoi ils se prosternèrent, et chantèrent les litanies avec les psaumes convenables. Ensuite on étendit le cordeau, on posa des jalons et l’on marqua la place, premièrement de l’église, ensuite des autres édifices réguliers. L’évêque de Paderborn fut invité à consacrer le monastère ; il planta la croix à l’endroit où devait s’élever l’autel, et il ordonna que cette abbaye, en souvenir de sa métropole, se nommerait la Nouvelle-Corbie. Une charte de Louis le Débonnaire confirma la fondation elle est datée du 27 juillet de l’an 823, La Nouvelle-Corbie devint pour le Nord de l’Allemagne ce que Fulde était au centre et Saint-Gall au midi ; elle donna à la Saxe une école savante et un clergé national. Auprès d’elle s’éleva, pour l’éducation des femmes, le couvent de Gandersheim, où des filles et des veuves d’empereurs vinrent prendre le voile. Ainsi la colonie monastique achève la conquête elle la protége au dedans et la continue au dehors, comme ces colonies par lesquelles Rome prenait possession des provinces conquises et qu’elle inaugurait aussi avec des sacrifices et des prières, comprenant déjà combien c’est une chose solennelle et qui veut un secours divin, que de fonder les civilisations[1].

  1. Vita S. Adalhardi, Mabillon, A. SS. 0. S. B., sœc. IV. p. 710.