Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La puissance spirituelle, portée si haut par la papauté, s’exerçait de plus près par l’épiscopat. Les Germains avaient vu avec étonnement cette magistrature pacifique, ces hommes au vêtement long, un bâton dans une main, un livre dans l’autre, qui entraînaient la multitude par leurs discours, qui, en se rendant les serviteurs des ignorants et des faibles, devenaient les maîtres des grands, et qui, après soixante ans de fatigues, allaient se faire tuer chez les païens, d’où on rapportait leurs os pour les mettre sur les autels. Ainsi s’introduisait un gouvernement nouveau, soutenu par le savoir et par la vertu. Les peuples l’honorèrent d’abord, et l’enrichirent ensuite. Mais, quand la noblesse guerrière vit les honneurs et les richesses dans l’épiscopat, elle l’envahit. Ces chefs qui vivaient de leur épée, qui, en temps de paix, guerroyaient encore contre les buffles et les sangliers de leurs bois ; qui n’avaient jamais quitté le harnois, ni pour s’asseoir à un festin, ni pour tenir les plaids du canton[1], devaient se plier difficilement à l’idée d’un pouvoir désarmé. Ils entrèrent dans l’Eglise avec leurs armes et leurs

    iracundiam mitiget, ornet benignitas potestatem, si se magis ditigendum quam metuendum cunctis exhibeat. » 5. « Regum namque ministerium specialiter est populum Dei gubernare et regere cum aequitate et justitia, et pacem et concordiam habeant studere. Ipse enim debet primo esse defensor ecclesiarum et servorum Dei, viduarum, orphanornm caeterorumque pauperum, necnon et omnium indigentium... »

  1. Tacite, Germania, 22 « Tum ad negotia nec minus saepe ad convivia procedunt armati. »