Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/324

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rangs du sacerdoce, ils ne renoncèrent pas sans murmure à ces puissantes attaches de la nature humaine. Souvent l’ombre du sanctuaire couvrit les mœurs grossières du foyer. On vit alors ce qu’on a toujours vu depuis, l’abâtardissement d’un clergé amolli par le mariage, condamné à toutes les humiliations de la vie ordinaire, vivant de commerce, d’usure, de misérables services sur les marchés, dans les écuries des châteaux, dans les tavernes. Mais ce débordement trouva des obstacles. La discipline du célibat fut maintenue par les lois des Mérovingiens, par les capitulaires, par tous les synodes du huitième et du neuvième siècle[1]. En 760, Chrodegang, évêque de Metz, épris des souvenirs de l’antiquité chrétienne, imitait saint Augustin en rassemblant ses prêtres autour de lui, sous un même toit, à une même table, sous une même règle de travail et de prière. Cette règle, portée dans toutes les villes épiscopales, y assura la réforme ecclésiastique. Ce fut un spectacle profitable que celui d’un grand peuple sacerdotal affranchi des instincts de la chair, qu’on avait crus si longtemps irrésistibles. Quand on vit ces hommes sans

  1. Concilium auctoritate S. Bonifacii, ann. 742, art. 7. Concilium Aquisgranense 836, II, art. 8 « Similiter de illis presbyteris qui, contra statùta canonum, villici fiunt, tabernas ingrediuntur, turpia lucra sectantur, et diversissimis modis usuris inserviunt ; et aliorum domus inhoneste et impudice frequentant, et comessationibus et ebrietatibus deservire non erubescunt… ut ab hinc districte severiterque coerceantur. » Art. 11 « Ut presbyteris nulla omnino cohabitet fœminarum. »