Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/332

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geance[1]. Mais, parce qu’ils mettaient leur force à ne jamais se contraindre, ils étaient les plus faibles des hommes ; ils se sentaient maîtres de leurs corps et de leurs mouvements, mais non de leur conscience et de leurs déterminations incapables de tous les actes où il faut s’appliquer et se conduire, par conséquent de choisir et de persévérer, en quoi consiste cependant. toute la faculté de vouloir. Ainsi la volonté même périt, quand elle n’a plus les lois qui la gardent et les assujettissements qui la soutiennent ; et toute la nature humaine semble détruite dans cet état, dont on a voulu faire l’état de nature. Telle était la misérable condition des barbares. Or l’Église introduisait un culte dont tout l’effort est de faire l’éducation de la personne immortelle. Elle relevait l’intelligence par la prédication, la. volonté parla pénitence, et toute l’âme par la prière.

Éducation des esprits par la prédication.

Le paganisme n’a jamais prêché. Jamais les religions anciennes ne parlèrent en prose, c’est-à-dire dans une langue précise, aux peuples assemblés dans leurs temples. Au contraire, le christianisme leur tenait le ferme langage de la raison : il leur portait un Évangile en prose, commenté par une parole simple et intelligible aux petits. La foi, qui, dans la chaire de saint Jean Chrysostome,

  1. Tacite,Germania, 22, 24, 25 « Crebrae ut inter vinolentos rixae. Saepius caede et vulneribus transiguntur.  »