Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/339

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fallait un juge impassible et désintéressé, le juge fut le prêtre. Le repentir lui amenait l’urne coupable elle expiait, elle s’immolait par l’aveu de ses fautes. Alors elle entrait sous une discipline réparatrice, où elle retrouvait ses forces dans les épreuves et dans les luttes. Par l’abstinence, par l’aumône, par l’humiliation, elle s’affranchissait de ces trois concupiscences : la volupté, l’avarice, et l’orgueil. Ainsi la pénitence chrétienne, où l’on ne voit d’abord qu’une école d’obéissance, devenait l’apprentissage de la liberté ; et tout y conspirait à rendre à l’homme l’empire de lui-même en favorisant son retour volontaire à l’ordre divin, d’où il était volontairement sorti[1]

Telles étaient les mesures de l’Église pour la réforme de la volonté déchue. Il faut voir quel usage elle en fit dans ce grand travail de la conversion des barbares. On la trouve d’abord occupée de réveiller en eux cette crainte religieuse qui fait la force de la conscience ; elle les y rappelait par les cantiques en langue vulgaire qu’on faisait répéter aux néophytes, et dont nous avons conservé de rares fragments « Seigneur, mes pensées ne peuvent échapper à tes pensées :tu connais tous les chemins par où je voudrais fuir. Si je vais

  1. Voyez les pénitentiels de saint Colomban, celui de saint Boniface (apud Binterim, Dankwürdigkeiten, III, 429) et lui de saint Reginon (Ordo ad dandam poenitentiam) , et les formules de confession publiées par Noth, Denkmoeler der deutsche Sprache, p. 33 et 35.