Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/373

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vieillards, si, vous voulez être tenu pour noble et obéi comme roi. » Cette lettre est bien courte, elle toucha peu le barbare qui allait ensanglanter la fin de son règne par le meurtre de trois rois ses parents. Elle contient cependant tout l’idéal d’une institution que le monde n’avait pas vue, de la monarchie chrétienne. Les évêques des temps mérovingiens ne feront que poursuivre la pensée de saint Remi. Elle les conduit tous les jours auprès de ces rois dangereux, que leur présence importune, mais qu’elle contient. Comme leur patriotisme, éclairé des grands souvenirs de la Bible, reconnaît dans la nation des Francs un second peuple de Dieu, ils n’auront pas de paix qu’ils n’aient fait asseoir sur le trône de Clovis d’autres Davids et de nouveaux Salomons. Nous ne trouvons pas d’autre inspiration dans ce Discours adressé à Clovis II, par un de ses conseillers, où l’on presse ce jeune prince d’étudier les saints livres, d’y chercher les exemples des rois qui surent plaire au Seigneur. Mais les Mérovingiens, pénétrés des vices de la décadence romaine, n’étaient déjà plus faits pour les fortes leçons de l’Écriture, pour cette austère simplicité du monde naissant. L’Église trouva plus de prise sur une race plus neuve, et qui avait besoin d’elle. La famille de Pépin ne cachait point ses origines dans les temps fabuleux du paganisme : aucun dieu, ni du ciel ni de la mer, ne comptait parmi ses aïeux. Il fallait que la royauté nouvelle