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Ce qui resta de l’empire de Charlemagne.

Nous avons voulu suivre jusqu’au bout l’idée du saint-empire, et la voir descendre dans l’école, dans l’épopée chevaleresque, dans les récits qui charmaient les veillées des paysans ; nous assurant qu’elle devait s’évanouir moins promptement qu’on ne croit, et qu’il n’était pas si facile d’en finir avec un dessein auquel Charlemagne avait attaché son nom. Seulement Charlemagne, comme tant d’autres ouvriers de la Providence, fit autrement qu’il ne voulait, plus qu’il ne voulait. Il ne réussit pas à reconstruire une monarchie universelle, dont le règne eût été la ruine des nationalités, qui eût enrôlé pour ainsi dire tous les peuples au service du même pouvoir sous une même discipline. La liberté des nations résista : elles restèrent avec cette différence de vocations, de caractères, de génies, qui fait la variété et l’harmonie du monde moderne. Mais le nom de l’empire, la doctrine de ses jurisconsultes, la popularité même de ses poëtes, servirent à maintenir l’union des peuples occidentaux, à fonder parmi eux le droit international, à y naturaliser le droit romain, à former cette famille puissante qu’on ap-

    continué l’histoire des empereurs depuis César, en se permettant plus d’une infraction à la chronologie. C’est sous le règne de Tibère que Titus prend Jérusalem ; le règne de Caligula est illustré par le dévouement de Curtius : Néron a pour successeur Tarquin, et l’épisode de Lucrèce a déjà les développements que lui prêtent les romanciers du moyen âge. Tout ce désordre témoigne de l’ignorance du poëte, mais aussi de la popularité du sujet. Hoffmans, Fundgruben, I, 251. Gervinius, Geschichte der poetischen national Litteratur, t. I, 156.