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Boëce.

Le premier fut Boëce, de la famille des Anicius et des Manlius, honoré du consulat, défenseur infatigable des droits du sénat, jusqu’à ce qu’il en devînt le martyr, et le dernier des Romains, comme on l’a dit, si, dans cette inépuisable race des Romains, on pouvait trouver un dernier. Mais, en même temps qu’il avait de Rome le génie des affaires, il tenait des Grecs et d’Athènes, où il passa plusieurs années, une ardeur invincible aux plus âpres études, et une passion du vrai qui ne refroidissait pas l’amour du beau. Ce personnage consulaire, cet homme obsédé des terreurs du sénat et des menaces des barbares, trouvait le temps de composer plusieurs traités de musique, de géométrie, d’arithmétique il commenta les Topiques de Cicéron, traduisit les Analytiques d’Aristote, et la fameuse Introduction de Porphyre, dont une phrase, fécondée par les disputes des réalistes et des nominaux, portait en germe toute la philosophie scolastique. Tandis que ta traduction de Porphyre devait faire la torture du moyen âge, le livre de la Consolation en fit le charme, et donna aux doctrines platoniciennes la sévérité de l’orthodoxie, avec tout l’éclat poétique qui devait ravir des peuples enfants, et populariser le livre de Boëce au point qu’avant la fin du dixième siècle, il passa dans les langues vulgaires de l’Angleterre, de la Provence et de l’Allemagne[1].

  1. Boetii Opera : In Porphyrium a se latinum, libri V.-In Aristoteli Praedicamenta, de interpretatione Analyticorum, de