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attester que le flambeau ne s’éteindra pas[1] .

Les écoles de la Gaule jusque la fin du septième siècle.

Quand les lettres se maintenaient ainsi aux portes de la Gaule, comment auraient-elles succombé sans résistance dans cette savante province où elles avaient eu tant d’autorité ? Comment les écoles restaurées par Gratien, célébrées par Ausone et Sidoine Apollinaire, toutes debout au cinquième siècle, après le premier choc de l’invasion, seraient-elles tombées au.sixième, sans laisser un historien de leur chute ? J’entends bien Grégoire de Tours s’écrier: « Malheur aux jours où nous sommes, parce que l’étude des lettres a péri » Mais je reconnais dans ce cri la plainte accoutumée de tous les temps orageux, et cette tristesse de tant de grands esprits chrétiens, qui ont cru toucher à la fin des siècles. C’est l’histoire même de Grégoire de Tours qui me rassure contre ses alarmes, puisque je le trouve tout pénétré de l’antiquité, familier, non avec Virgile seulement, mais avec Salluste, Pline, Aulu-Gelle. S’il proteste de son dédain pour les artifices de la parole, s’il fait gloire de ne point reculer devant un solécisme, on s’aperçoit qu’il connaît des esprits plus délicats dont il redoute le jugement. Il demande grâce pour la rustique simplicité de son style à ceux qui ont étudié les éléments des sept arts

  1. Nicolas Antonio, Biblioth. Hisp. Isidori Hispalensis episcopi Originum sive etymologiarum libri XX. Au sixième livre, douze chapitres consacrés à l’histoire de l’écriture, des bibliothèques, des copistes.