Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/448

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

correction et l’élégance de ses vers. Il ne s’agit point encore d’une littérature ecclésiastique réfugiée dans le sanctuaire tout annonce la perpétuité de l’enseignement séculier, dont les portes ne se fermaient à personne. L’esclave Andarchius, en accompagnant aux écoles le sénateur Félix, devint si savant, qu’il méprisa ses maîtres, voulut, épouser de force la fille d’un homme riche, et finit par se faire brûler vif. Théodebert comptait parmi ses courtisans deux lettrés, Asteriolus et Secundinus, qui se ressentaient assurément de la barbarie de l’époque, puisqu’ils poussèrent la violence de leurs querelles jusqu’à se déchirer le visage avec les ongles : cependant on les vantait comme des maîtres consommés dans l’art de bien dire. Les lettres vivaient encore, non de secret, mais de publicité, mais du commerce d’esprit qui continuait de lier les provinces morcelées de l’empire. Nous avons vu Nicétius de Trèves appeler d’Italie les ouvriers qui relèvent les ruines de ses basiliques Martin de Dume, évêque de Braga, composait des vers pour le tombeau de son patron, saint Martin de Tours. Les rois de France envoyaient en ambassade à Constantinople ce qu’il y avait de plus habile parmi les courtisans gallo-romains. Reovalis, médecin de Poitiers, avait étudié en Grèce. Des moines grecs, comme Egidius, venaient chercher dans les Gaules un ciel plus sévère et des mœurs moins faciles et telle était encore en 585 l’affluence des étran-