Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/580

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dont la cloche règle le sommeil et le réveil d’un peuple.

Ne croyons pas non plus qu’on humilie Charlemagne en lui donnant des maîtres, en le montrant docile aux leçons des clercs comme aux conseils des papes. Pour un Germain, pour un descendant de cette race indomptable, le caractère du génie n’était pas l’indépendance, mais la docilité c’était de croire, d’étudier, d’obéir ; c’était de mettre pendant quarante-six ans le plus grand pouvoir de la terre aux ordres de la foi, de la justice, de la science. Dans ce long règne de Charlemagne, il faut admirer bien moins la force de son épée que celle de ses convictions. De même que les scrupules d’une conscience chrétienne l’avaient jeté dans toutes les difficultés de la réforme ecclésiastique, de même qu’un juste sentiment des besoins de son siècle et de son pays l’inspira dans la grande affaire du rétablissement de l’empire ainsi c’est la passion de savoir qui le pousse a la restauration des écoles. Ce conquérant, ce législateur, ce souverain de vingt peuples mal unis, est possédé de la curiosité qui trouble le sommeil des savants. Au moment où il émeut tout l’Occident du bruit de ses premières victoires, il reprend, en sous-œuvre ses études incomplètes ; il relit avec Pierre de Pisé les textes classiques sous la conduite d’Alcuin, il achève de s’instruire dans les arts libéraux. Ses lettres ne laissent pas de repos à ce docte maître