Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/598

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se pique d’exceller;tous ces traits rappellent le faux Virgile, et la tradition des rhéteurs aquitains. Longtemps encore, elle se défendra contre les progrès de la raison publique. Au dixième siècle, Atton de Verceil écrira la satire de son temps dans une langue où l’on retrouvera toutes les ténèbres des douze latinités et le géographe anonyme de Ravonne rivalisera de hardiesse avec l’école de Toulouse, quand il s’agira de citer des philosophes égyptiens, goths, africains, que lui seul a connus. Les poëtes continueront de semer dans leurs vers des acrostiches, des héllénismes ; et l’on composera en l’honneur de Charles le Chauve ce fameux poëme dont chaque mot commence par un C. Enfin, les lettrés s’obstineront à demander aux Romains et aux Grecs un baptême qui efface leur origine à entendre nommer les docteurs de la réforme Mélanchthon, Osiandre, Œcolampade, on croirait avoir affaire à des gens fraîchement débarqués d’Athènes, si bientôt ils ne se trahissaient par la violence de leurs invectives ; et les académies italiennes emprunteront aux bergers d’Arcadie leur houlette avec leurs noms[1]

  1. Alcuin motive à sa manière l’usage des noms d’emprunt. Epist 183:«Sœpe familiaritas nominis immutationem solet facere, sicut ipse Dominus Simonem mutavit in Petrum, et filios Zebedaei nominavit tonitrui, quod etiam antiquis vel his novellis diebus probare poteris. »
    AttonisPolypticum apud Mai, Scriptor. Vatican., t. VI. Atton a laissé deux rédactions de cette pièce:l’une en langue énigmatique,