Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/74

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prendre au monde que la violence ne fonde rien de durable[1]

Telles furent les conséquences de la conversion des Francs. En donnant des bornes à la barbarie, en établissant un pouvoir gardien de la civilisation antique, en plaçant le pouvoir sous la loi de l’Évangile, cet acte mémorable constitua définitivement la chrétienté ; à laquelle il ne resta plus que de s’affermir et de s’étendre. Dès lors on s’étonne moins de la condescendance de l’épiscopat. On comprend cette réponse de saint Remi aux détracteurs de Clovis : « Il faut pardonner beaucoup à celui qui s’est fait le propagateur de la foi et le sauveur des provinces. » Le christianisme n’exigea point, de ces populations encore toutes frémissantes de fureurs et de voluptés, tout ce qu’il devait demander à des temps meilleurs. Sans faire fléchir ses règles, il mesura ses jugements. Quand l’Église recevait au baptême ces turbulents catéchumènes, quand elle rangeait au nombre des saints Clotilde, le roi Sigismond, le roi Gontran, elle savait mieux que nous ce qu’ils avaient étouffé d’instincts pervers pour devenir tels qu’elle les voyait.

La mission de ce grand peuple ne se déclara pas en un jour : elle demeura comme enveloppée dans

  1. Grégoire de Tours, Hist. Franc., 30 ; III, 8. « Factum est autem, dum quadam die par murum civitatis Tulbiacencis confabularentur, a nescio quo impulsus, de altitudine muri ad terram corruit. » Frédég. 48.