Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/83

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mort de ses deux fils, avait fait brûler les registres des taxes. Il ne fallait pas moins que ces trésors, « pleins de rapines et de malédictions, » pour soutenir l’éclat d’une cour où le roi siégeait sur un trône d’or massif, pour suffire aux largesses que ses leudes attendaient de lui, et à l’entretien de ses concubines. La coutume barbare qui permettait la polygamie aux chefs résistait à la sévérité de la loi chrétienne. Ce même Dagobert, trop comparable à Salomon, finit comme lui : trois reines en titre partageaient sa couche ; et tel était le nombre de ses concubines, que l’historien de sa vie n’en donne pas les noms. Après lui, les rois fainéants commencent. Le chariot à quatre bœufs qui les promenait dans Paris n’était qu’un reste et une image de ce luxe gaulois où s’enfoncèrent les Francs dégénérés. L’exemple de la royauté gagnait peu à peu les leudes, qui échangeaient une vie de hasards et de fatigues contre les paisibles ombrages, les salles de mosaïque et les festins des villas romaines. Les conquérants, tombés aussi bas que leurs sujets, furent conquis à leur tour, et, en 687, la bataille de Testry livra la Neustrie aux Austrasiens[1].

  1. Gregor. Turon., V, 45. « Per idem tempus Chilpericus rex scripsit indiculum, et sancta Trinitas non in personarum distinctione, sed tantum Deus nominaretur… quumque haec mihi recitari jussisset : Sic, inquit, volo ut tu et ceteri doctores ecclesiarum credatis. » Idem, IV. 26. — Constit. Chlotarii, ap. Pertz, Monum. III, p. 14 « Vel certe si de palatio eligitur, per meritum personnae et doctrinae ordinetur. » — Gregor. Turon., V, 29. Vita S. Bathildis, n° 5. Pitra, Histoire de saint Léger, p. 154. — Vita Da-