Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/128

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œuvres ; elle n’est plus autre chose que l’accomplissement progressif des desseins miséricordieux de la bonté divine.

L’esprit n’est jamais rassasié de science, et le cœur n’est jamais désaltère d’amour, et cependant, quand l’homme connaît ce qu’il aime, il lui semble que son âme trop pleine soit obligée de se répandre au dehors, il a besoin de reproduire. Cette loi mystérieuse préside aux opérations les plus solennelles de la nature humaine quand deux époux se sont connus et aimés, c’est elle qui leur fait se donner des enfants à leur ressemblance. Dans l’ordre de faits moins grave qui nous occupe, c’est elle qui explique l’origine de l’art.

L’homme a reçu la puissance, mais non la puissance de créer. Il ne saurait donc produire des êtres, mais des manières d’être, des rapports, des harmonies, des beautés. Il ne saurait non plus produire sans un type. Or ce type, où le cherchera-t-il ? Sera-ce dans les images grossières d’une nature dégradée qui lui sont données par les sens ? Sera-ce dans des notions abstraites et dans une nature chimérique et conventionnelle rêvée par la raison ? Non, ce sera plus haut ; ce sera dans la contemplation de la nature, telle que l’Ouvrier Suprême l’a faite. Ce sera l’harmonie des choses, telle qu’elle existe dans les idées éternelles, qui se