Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/143

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tinées ni de l’homme, l’origine et la fin des choses. Tous les efforts de la raison n’avaient pu dégager ces dogmes des nuages qui les enveloppaient. Platon, à quatre-vingt ans, en découvrait seulement les premières lueurs ; et, sous ses ombrages de Tusculum, Cicéron, héritier de toute la sagesse antique, finissait par conclure la probabilité de la Providence et de l’immortalité. Dans cette ignorance redoutable, il était impossible de descendre aux problèmes secondaires de la science, à l’investigation scrupuleuse et curieuse de la nature. De là le progrès tardif des connaissances physiques dans l’antiquité. La raison n’était pas libre d’y consacrer des heures agitées par d’autres sollicitudes. Elle était, comme Ixion sur la roue, enchaînée à un doute éternel…

L’orthodoxie chrétienne mit fin à cet esclavage. Elle répondit à ces questions suprêmes qui ne laissaient pas de repos à la pensée. Elle renvoya l’esprit humain, satisfait, à des travaux plus sûrs. Il fut permis aux chrétiens de descendre aux études profanes et, à vrai dire, ce fut permis aux chrétiens seuls. Pour ceux qui doutent, nul d’entre eux, s’il est sincère, n’a le droit de remuer ni un problème d’algèbre, ni une difficulté de philologie, avant d’avoir résolu ces incertitudes, qui doivent troubler son sommeil et mouiller de larmes le chevet de ses nuits. La foi donné des habitudes de conviction, de fermeté, de discipline. Et que