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II

La loi du 8 mai 1816 avait aboli le divorce. Le 11 décembre 1831, la proposition de M. de Schonen pour l’abrogation de cette loi fut adoptée par la chambre des députés à la majorité de cent quatre-vingt-quinze voix contre soixante et dix : Une seule pensée, on pourrait dire une seule passion, domina la discussion et entraîna le vote : c’était la haine de la religion d’État dont les vainqueurs d’alors avaient maudit le joug pendant quinze ans. Les développements que M. de Schonen donnait à sa proposition, le rapport de M. Odilon Barrot, le savant discours de M. de Salverte, qui tourna toute l’histoire contre le dogme de l’indissolubilité du mariage, tout le débat en un mot se réduisit à une question de liberté religieuse. Le divorce fut représenté comme le droit commun des sociétés policées, consacré par les lois judaïques et la jurisprudence romaine, toléré par le Christianisme, jusqu’au moment où les papes, étendant leurs prétentions, firent de la doctrine de l’indissolubilité un moyen d’inquiéter la conscience des rois. Mais la liberté, disait-on, s’était réfugiée dans l’Église grecque, jusque dans la catholique Pologne, enfin dans toutes les communions protestantes qui permirent la rupture de l’union conjugale. En présence de ces contra-