Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/178

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l’anarchie ; il conserve du moins l’unité de la famille en laissant au père le gouvernement et la charge des enfants. La répudiation est une menace de la loi dont les mœurs n’abusent point, puisque chez les Juifs on en voit peu d’exemples jusqu’au retour de la captivité, et que Rome vécut cinq siècles, les plus héroïques de son histoire, sans qu’un citoyen osât violer les auspices qui consacraient le mariage. Au contraire, quand le débordement des mœurs eut introduit le divorce mutuel, telle devient l’impuissance de la loi romaine, la plus sage cependant qui soit sortie de la main des hommes, qu’au temps de Sénèque les matrones comptaient les années par le nombre de leurs époux, au lieu du nom des consuls, et que plus tard elles poussèrent le progrès à ce point que saint Jérôme assista aux funérailles d’une femme qui avait eu vingt-deux maris.

Le progrès véritable était de rétablir l’égalité, non pas en armant la femme du libelle de répudiation, mais en désarmant le mari de ce pouvoir judiciaire que lui conférait la dureté de l’ancienne loi. Le Christianisme donne à l’épouse bien plus que la liberté, il lui donne l’empire du cœur de l’homme ; il lui attribue sur la personne de son époux un droit que nulle législation n’avait reconnu ; il exige pour elle autant qu’elle accorde. Et voilà pourquoi les premiers disciples de l’Évangile, étonnés d’une doctrine si nouvelle, répondaient :