Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/182

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difficilement contre les menaces et contre les séductions du dehors. Ils savaient, au contraire, tout ce que l’homme trouve de force dans ces liens du mariage et de la paternité qui le gênent, mais qui le soutiennent. C’est pourquoi ils s’attachaient à fortifier la famille, à la mettre sous l’empire du droit canonique, en la dérobant à l’arbitraire des lois civiles, à en faire comme un rempart où la liberté morale pourrait défier toutes les tyrannies. En effet, le divorce fut si peu une loi de liberté, qu’il fit son avènement, au seizième siècle, avec les doctrines qui niaient le libre arbitre dans l’homme, et qui rétablissaient la théocratie antique dans l’État. Quand Luther eut enseigné « qu’il est aussi impossible de se contenir que de se dépouiller de son sexe, » il ne fallut plus s’étonner qu’il permît la répudiation, et qu’il descendît jusqu’à la polygamie des patriarches, en autorisant le landgrave de Hesse à épouser, sans préjudice de la landgravine, une autre femme, « pour certaines nécessités de corps et d’esprit. » Ce fut le divorce de Henri VIII qui mit dans ses mains le gouvernement de l’Eglise d’Angleterre, et le peuple le plus fier de l’Europe consentit à rendre à ses rois le pontificat que le Christianisme avait arraché aux Césars. Voilà les origines du divorce dans les communions protestantes. L’Eglise grecque, sur une fausse interprétation de l’Évangile, avait aussi voulu conserver aux maris la faculté de répudier la femme