Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/191

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bienséances, et de se consoler des mauvaises mœurs par de mauvaises lois.

Nous ne voyons pas non plus que la loi du divorce ait rien de démocratique dans son esprit, si l’esprit de la démocratie est de maintenir l’égalité, de contenir les forts, de garantir les faibles. C’est aussi là ce qui fait la popularité de la démocratie en France, dans ce pays plus jaloux de l’égalité que de la liberté même, qui eut toujours en horreur l’abus de la force, qui arma autrefois la chevalerie pour la protection de toutes les faiblesses. Mais que fait au contraire le divorce, sinon de prendre le parti du plus fort, c’est-à-dire du mari contre la femme, des époux contre les enfants ? Vainement la loi s’applique à présenter le divorce comme un droit égal ouvert aux deux conjoints la nature des choses en fait un privilège dont la femme ne peut ni exercer toute la plénitude ni recueillir tout le profit. Et d’abord, en ce qui touche la demande, l’article 259 du Code civil introduit déjà l’inégalité en n’accordant à la femme le divorce pour cause d’adultère « qu’autant que le mari a tenu la concubine dans la maison commune. » Qui ne sait d’ailleurs tout ce qu’endurera la pudeur de l’épouse avant de subir l’humiliation des comparutions en personne que la loi (art. 248) exige à chaque acte de la cause, avant de livrer aux tribunaux le secret de ses pleurs, et de fournir la preuve des excès, sévices et injures graves, destinés à devenir