Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/251

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Des deux côtés d’un ruisseau infect, s’élèvent des maisons de cinq étages, dont plusieurs réunissent jusqu’à cinquante familles. Des chambres basses, humides, nauséabondes, sont louées à raison de un franc cinquante centimes par semaine quand elles sont pourvues d’une cheminée, et de un franc vingt-cinq centimes quand elles en manquent. Aucun papier, souvent pas un meuble ne cache la nudité de leurs tristes murs. Dans une maison de la rue des Lyonnais, qui nous est connue, dix ménages n’avaient plus de bois de lit. Au fond d’une sorte de cave, habitait une famille sans autre couche qu’un peu de paille sur le sol décarrelé, sans autre mobilier qu’une corde qui traversait la pièce : ces pauvres gens y suspendaient leur pain dans un lambeau de linge pour le mettre à l’abri des rats. Dans la chambre voisine, une femme avait perdu trois enfants, morts de phtisie, et en montrait avec désespoir trois autres réservés à la même fin. Les étages supérieurs n’offraient pas un aspect plus consolant. Sous les combles, un grenier mansardé sans fenêtres, percé seulement de deux ouvertures fermées chacune par un carreau, abritait un pauvre tailleur, sa femme et huit enfants-, chaque soir, ils gagnaient, en rampant, la paille qui leur servait de gîte, au fond de la pièce et sous la pente du toit.

Ne parlons pas des mieux partagés, de ceux qui avaient deux lits pour six personnes, où s’entas-