Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/312

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À cette époque, l’empire romain, le colosse de l’antiquité, commençait à chanceler sur ses pieds d’argile ; le vieux paganisme voyait ses dieux méprisés languir sur leurs autels, et ses fables surannées ne savaient plus trouver le chemin de la persuasion. Le corps social s’ébranlait jusque dans ses fondements les esclaves avaient déjà senti l’iniquité du joug qui pesait sur eux, et Spartacus avait levé la tête. Le sang des guerres civiles fumait encore dans les champs de Pharsale et sur les rives. du Tibre le pouvoir entre les mains du plus fort était une arme terrible, qui tuait la liberté, et placait le plus faible entre la servitude et la mort.

La philosophie et les sciences, également incapables d’expliquer l’homme et la nature, après avoir parcouru tout le champ des hypothèses, épuisé toutes les rêveries, s’étaient arrêtées pour s’abîmer dans le doute. La poésie et les arts, dégénérés de leur antique grandeur, s’étaient faits courtisans, et ne savaient plus offrir à l’âme ni consolations ni jouissances. Il manquait un point fixe à l’activité de l’homme découragé en présence de sa propre dégradation, cet être malheureux s’était abaissé plus