Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/346

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simonienne et frayé une voie à l’investigation. Longtemps on a considéré comme des êtres distincts l’esprit et la matière, Dieu, l’homme, et le monde. Les disciples de Saint-Simon prétendent détruire cet antique préjugé. À les en croire, un seul être existe : DIEU. L’esprit et la matière, l’homme et le monde, ne sont que des formes de cette substance infinie. Ce système, ajoutent-ils, diffère essentiellement de celui de Spinosa, en ce que ces deux formes, la matière et l’esprit, sont ralliées, vivifiées par l’amour.

Quant à nous, il nous semble que l’idée d’amour est intimement liée à celle de pensée, que ces deux manières d’être, dont l’une engendre souvent l’autre, qui s’entremêlent, se confondent, sont également incompatibles avec la matérialité : il nous semble que le moi, par exemple, se conçoit simultanément doué d’intelligence et de volonté, tandis que la matière apparaît comme extérieure et totalement distincte. Dans le langage du sens commun, l’étendue, la divisibilité, l’inertie, sont les caractères de la matière ; l’amour, la pensée, le sentiment, sont les modifications de l’esprit. Soit donc que l’on considère l’esprit et la matière comme des substances ou comme des formes différentes, il n’est pas entre elles de moyen terme possible ; car l’une exclut l’autre ; encore moins ce. moyen terme serait-il l’amour, puisque l’amour est essentiellement spirituel. C’était avec bien plus de