Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/348

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bilité ou l’inertie. D’où il suit que l’esprit et la matière sont deux substances différentes, douées de qualités qu’un même sujet ne saurait réunir. De plus, à la notion de substance, telle que nous l’obtenons par une consciencieuse analyse, se joint toujours une idée de spécialité, d’individualité, qu’on ne saurait méconnaître. Ce vieux préjugé dont nous parlions tout à l’heure, qui sépare Dieu, l’homme et le monde, et qui paraît en effet aussi ancien que le monde, aussi répandu que le genre humain, n’est donc autre chose que le témoignage irréfragable du genre humain. Malheur à ceux qui ferment les oreilles afin de ne pas entendre sa voix, et qui courent après une abstraction chimérique pour se précipiter dans un abîme de contradictions ! Voyez en effet les conséquences du panthéisme : « Dieu est l’'infini, la somme de toutes les existences : tout être est un centre de vie, détaché de son immensité ; tout est en lui, tout est lui. » Comment l’infini peut-il se décomposer en parties ? Comment peut-il se composer d’une somme quelconque d’existences ? Des parties finies, additionnées en tel nombre qu’on voudra, produiront ellesjamais autre chose qu’une somme limitée ? Tout ce qui est divisible est donc fini par là même, et un Dieu sujet à des mutilations quotidiennes est une conception répugnante. C’est peu: tout est lui, tout est Dieu : et le parricide et l’adultère, et le tyran et l’esclave, et la brute et la plante, et la