Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abîmes, pour songer à la prospérité, au bonheur temporel qu’ils lui promettent. Vains efforts ! l’âme de l’homme est trop grande pour se contenter d’une félicité passagère : elle ne saurait se nourrir de la graisse de la terre ; les jouissances, même intellectuelles et morales, qu’elle goûte parfois, sont encore trop incomplètes, trop peu pour elle. Elle ne veut point de vos promesses, ô fils de Saint-Simon ! ce sont les profondeurs de l’éternité qu’elle brûle de sonder; car la vie est courte et pleine de misères les orages des passions, les revers de la fortune, les rudes épreuves de la sensibilité, en font comme un long pèlerinage à travers le désert et quand, voyageur fatigué, l’homme atteint le terme de sa course, quand il jette au delà de la mort un long regard pour découvrir ce bonheur, vers lequel il a marché sans cesse, vous lui ouvrez les gouffres du néant vous ravissez au juste qui a souffert les espérances de l’avenir, et vous débarrassez le méchant fortuné de la crainte des justices divines ; à la vertu qui se cache, plus de récompenses à la main furtive qui aiguise le poignard et qui fait le mal en secret, plus de châtiment. En donnant à l’homme le droit de juger les capacités et les œuvres, on le ravit à Dieu même.

Nous avons examiné le dogme, la théologie saint-simonienne; il est temps de jeter un coup d’œil sur les conséquences pratiques qui s’en