Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/441

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jardin dont on n’est pas le maître, et qui agrandit la perspective sans remplir les greniers. Tout cela était donc peu pour ses désirs et peu surtout pour payer ses dettes. Encore trop éloigné de la source des grâces, il lui fallait, pour s’en approcher davantage, chercher le secours d’une main amie et puissante. Nous allons voir comment il usa de celle qui lui fut tendue.

A cette époque, deux partis divisaient la cour d’Élisabeth. L’un comptait dans ses rangs des caractères plus énergiques, des talents plus solides, des services plus laborieux et plus multipliés. Là étaient des hommes d’État, les hommes nécessaires lord Burleigh, grand trésorier, et son fils, Hobert Cecil, l’amiral Walter Rawleigh, le plus illustre marin, et l’attorney général Coke, l’un des plus savants jurisconsultes dont l’Angleterre pût alors s’enorgueillir. C’était dans ce cercle de penseurs sévères que s’élaboraient sourdement les grandes choses de ce règne, et que se préparaient les ressorts qui, de temps à autre, touchés par des doigts invisibles, allaient ébranler les extrémités de l’Europe. Là aussi il y avait des passions jalouses et haineuses ; il se faisait de détestables calculs ; il se méditait des crimes politiques, qui, pour un temps, assuraient les usurpations de l’autorité royale au dedans, la prépondérance de la puissance anglaise au dehors, les rendant toutes deux également redoutables, également odieuses. De l’autre côté se