Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/459

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délaissé du roi, accablé par ses propres souvenirs et par l’opinion générale, qui n’avait point oublié ses turpitudes passées, le lord chancelier fut malade, demanda du temps pour se défendre, et ne se défendit pas. La commission chargée d’instruire son procès établit qu’en vingt-sept différentes occasions il avait reçu plus de six mille livres sterling, des meubles, des diamants, des prêts gratuits, et jusqu’à une douzaine de boutons car toute proie était bonne à cette insatiable cupidité. Le lord chancelier répondit a ces incriminations par un aveu général de ses fautes et par une humble supplique où il conjurait la Chambre de ne lui infliger d’autre peine que celle de la destitution. La Chambre ne pouvait se contenter ni d’un tel aveu, ni d’un tel châtiment : elle exigea de Bacon une confession détaillée de tous les griefs portés contre lui il la fit, et en conjurant Leurs Seigneuries « d’être miséricordieuses pour un roseau brisé. » Mais Leurs Seigneuries étaient hautaines en écrasant le roseau, elles pensaient humilier le favori dont il avait été l’instrument elles : le foulèrent aux pieds sans compassion. Le 5 mai, les procédures étant achevées, les lords envoyèrent leur messager aux Communes pour leur faire savoir qu’ils étaient prêts à rendre jugement contre le lord chancelier, si elles venaient le requérir, leur orateur portant la parole pour elles. Les Communes se rendirent à cette invitation, l’orateur se présenta à la barre, et, après