Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/464

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individualités distinctes ou bien ne serait-ce pas le renouvellement de ce vieux récit mythique qui fait asseoir Hercule aux pieds d’Omphale ? Non. La proximité des temps ne permet pas le doute, le symbolisme n’est ici de nul secours ces deux hommes ne sont qu’un homme, ces deux histoires ne sont que l’histoire d’une seule vie. Oui, celui que nous avons vu, au premier réveil de sa raison, secouer si fièrement la servitude de l’école ; celui qui, par la seule puissance de sa pensée, renversa une autorité usurpatrice, vieille de deux mille ans ; celui de qui la science recevait des lois et devant qui la nature se plaisait à dévoiler ses mystères ; celui qui s’était fait un si vaste empire et s’y mouvait avec tant d’aisance et de majesté, qui se révélait par de si admirables ouvrages, bravait si généreusement la colère et la jalousie de la multitude des esprits subalternes, et s’agenouillait si magnifiquement devant Dieu ; celui enfin qui nous apparaît, exerçant une si heureuse influence sur le développement des connaissances humaines et sur la prospérité des nations, couronné de tant de rayons de gloire ; c’est le même que nous avons trouvé faisant dès sa jeunesse l’apprentissage de la servitude des cours, et qui durant quarante ans se traîna dans les fangeux sentiers du pouvoir, tressaillant d’espérance ou de crainte à la parole d’une reine capricieuse ou d’un monarque imbécile, et ne s’arrêtant jamais ni devant le crime ni devant