Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/475

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mir dans l’esprit des nations, avait en besoin d’une double sanction religieuse : le serment et le sacre. La puissance spirituelle trouva là des armes légitimes pour sa défense ; et, sans vouloir discuter si la constitution générale de la société chrétienne accordait alors au souverain pontificat le droit de déposer les rois, question difficile, du moins ne put-il pas défaire ce qu’il avait fait, effacer le caractère sacré du front des princes coupables, et délier les nations de leurs serments ? Jamais peut-être ces violentes secousses, qui ébranlaient à la fois le monde politique et le monde moral, ne s’annoncèrent d’une manière plus alarmante qu’à l’avènement du pape Alexandre III, en l’an 1159. A l’Orient le schisme était assis sur le trône patriarcal de Constantinople. La jeune royauté chrétienne de Jérusalem, déjà défaillante, appelait à son secours de nouvelles croisades. À Rome même, trois cardinaux rebelles au suffrage de la majorité avaient proclamé l’antipape Octavien. L’empereur Frédéric I° confirma ce choix illégal, et réunit dans une commune défection ses grands feudataires les rois de Danemark, de Bohême et de Hongrie, puis il s’avança contre Rome avec le fer et le feu, comme Alaric, comme Attila, ravagea la Lombardie sur son passage, rasa Milan et, fit promener la charrue sur ses ruines. Alexandre III fut contraint d’abandonner la ville papale, et, portant dans ses mains débiles la fortune de l’Église,