Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/476

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vint réclamer l’hospitalité de la France. Les deux souverains de France et d’Angleterre, Louis VII et Henri II, allèrent à sa rencontre à Courcy-surLoire, marchèrent à ses côtés, tenant la bride de son cheval, et consolèrent l’exil du vieillard apostolique par ce témoignage éclatant de leur fidélité. Et toutefois, si le vieillard avait pu jeter dans l’avenir un regard divinateur, il aurait vu bien des épines préparées à son front, bien des tristesses à son cœur par l’un de ces deux hommes couronnés qui maintenant conduisaient sa monture. En effet, depuis qu’un duc normand, fortuné pirate, avait conquis l’Angleterre, cette malheureuse contrée avait été vouée à la servitude. Les vainqueurs voulaient que tout tremblât sous leur gantelet d’airain, et ils l’appesantirent sur l’Église, dernière consolatrice des vaincus. Guillaume le Conquérant avait obtenu, à force d’importunités, la déposition canonique des prélats anglo-saxons. Il voulut plus encore, il prétendit exercer un contrôle suprême sur les résolutions des synodes, sur les excommunications lancées par les évêques, sur la procédure des cours spirituelles et sur la correspondance même du clergé de son royaume avec le souverain Pontife. Guillaume le Roux et Henri I° étendirent ces prétentions, s’emparèrent des revenus des bénéfices vacants, prolongèrent le veuvage des églises pour l’exploiter au profit du trésor, et s’attribuèrent les droits de nomination et d’in--