Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/492

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goisse, il écrivit au pape pour le faire juge de sa situation, arbitre de son devoir. Le pape condamna les constitutions de Clarendon, flétrit d’une réprobation énergique ceux qui les avait jurées, loua Thomas de son repentir, et l’encouragea à en donner des preuves authentiques. Thomas n’avait point brisé lui-même ses engagements, il n’osa les secouer qu’après avoir été délié par celui à qui appartient la magistrature suprême des consciences. D’ailleurs, le pacte qu’il avait conclu avec Henri était un pacte de bonne foi ; la mauvaise foi de Henri le faisait nul et rendait à Thomas sa parole. Puis, s’il y avait là quelque déshonneur, n’était-il pas plus généreux de l’accepter pour soi-même que de laisser peser sur son Église un opprobre éternel ? La paix de l’archevêque était faite avec le roi, mais elle était faite au prix des destinées religieuses d’une grande nation : il pouvait en rester à ce point et s’assurer des jours tranquilles, des jours brillants. En rompant cette paix si chèrement achetée, il allait rassembler sur lui des outrages sans nombre et des malheurs sans fin ; il serait appelé traître par les hommes méchants dont il aurait rejeté le joug pour délivrer son peuple ; il soulèverait contre lui toutes les puissances de la monarchie ; il serait mis au ban de la féodalité beaucoup même du sein de l’Église s’élèveraient contre lui, et ses timides frères dont il voulait effacer la honte l’accuseraient d’avoir voulu leur