Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/499

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du vestibule, et s’assirent dans le plus profond silence. Enfin la porte du conseil s’ouvrit encore une fois, et les comtes et les barons s’avancèrent ensemble, et une grande troupe de nobles avec eux. Le comte de Leicester marchait à leur tête, et prit la parole : « Écoutez votre sentence. –Ma sentence ? » dit l’archevêque et, se levant, il reprit «O comte ! ô mon fils ! écoute toi-même. Tu n’ignores pas, mon fils, combien j’ai été cher et fidèle au roi au temps où je gouvernais les affaires de ce monde. C’est pour cela qu’il lui a plu de m’élever au siège archiépiscospal de Cantorbéry, malgré ma résistance, Dieu le sait, car je connais«  sais mon infirmité, et je me suis soumis plutôt pour l’amour de mon roi que pour l’amour de mon Dieu. En ce temps-là je fus déchargé de toute obligation séculière, et là-dessus je ne dois plus aucun compte, et n’en veux rendre aucun. « Mon fils, écoute encore. Autant l’âme est plus précieuse que le corps, autant je dois obéir à Dieu plutôt qu’au roi de la terre. Ni la loi, ni la raison ne permet aux fils de juger leur père. C’est pour quoi je décline le jugement du roi, et le tien ; et celui des autres, ne pouvant être jugé que par le Pape après Dieu. J’en appelle devant vous tous à son tribunal, et je me retire sous la protection du Siège apostolique et de l’Église universelle. » Il se retira calme et majestueux au milieu des vociférations des gens de cour, et personne n’osa l’arrêter.