Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/509

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l’archevêque fut introduit, et alla se jeter aux. pieds de son souverain, lui demandant la paix et se remettant à sa discrétion pour l’avenir, sauf l’honneur de Dieu. Henri reconnut dans ces paroles la restriction~qui déjà, une première fois, avait irrité sa colère ; il s’en montra mécontent, et proposa à l’archevêque l’arrangement que voici : « Vous promettez de me garder la même obéissance que les plus saints des archevêques vos prédécesseurs ont gardée au moindre des rois mes ancêtres.» En entendant cette proposition, les grands des deux royaumes s’écrièrent « Le roi s’humilie assez. » Cependant Thomas ne pouvait consentir à une semblable proposition ; car il y a dans le Christianisme un type de perfection qui ne réside point sur la terre ; il y a une fierté sainte qui ne permet, pas de s’asservir sans réserve à l’imitation d’un homme, quelque grand qu’il ait été, et d’accepter ses fautes par respect pour ses mérites. Le refus de Thomas étonna Louis VII et les nobles qui l’entouraient ; ils crurent y découvrir la marque d’une humeur hautaine et indomptable, et dès ce jour ils manifestèrent ouvertement leur déplaisir. Pour lui, il vit sans alarme s’écarter ce bras royal et protecteur, sous l’abri duquel il avait respiré. Et quand ses amis lui demandèrent où il pensait désormais aller reposer sa tête, il répondit : « J’ai ouï dire que sur les bords de la Saône, et jusqu’au pays de Provence, les hommes sont plus libres qu’ail-