Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/513

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cession  ; puis des promesses magnifiques, l’Angleterre pacifiée, l’antipape abandonné, la Terre-Sainte secourue. On pensait qu’il fallait céder au malheur des temps, fléchir pour n’être pas brisé. On oubliait que l’Église peut. bien accepter le manteau royal comme un ornement, mais n’en a pas besoin pour se couvrir ; que sa nudité est variable, et que, si elle montre des blessures, ces blessures, comme celles du Christ, rayonnent d’amour et de gloire. C’est ainsi qu’Henri pénétrait dans les esprits, et, quand ses conseils étaient épuisés, il trouvait des ressources dans ses trésors. Il acheta avec des sommes considérables l’appui de plusieurs villes et de plusieurs princes d’Italie. Il sut employer à son service la simonie que Grégoire VII et ses successeurs s’étaient efforcés de chasser du sanctuaire, mais qui y conservait encore de secrètes entrées. Un jour il se vanta effrontément de tenir le sacré collége dans sa bourse ; il osa même proposer au Pape un injurieux marché. Alexandre III fit justice de cette tentation grossière. Cependant les efforts du roi ne restèrent pas toujours sans quelques succès durant sept ans, il sut éluder à la fois et les censures ecclésiastiques que ses persécutions appelaient sur lui, et la réconciliation, qui seule devait lui épargner cette juste flétrissure. Il obtint l’envoi en Normandie de deux légats, dont l’un lui était dévoué, et qui eussent condamné l’archevêque si le Pape n’eût limité