Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/532

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mas, les entraîna dans une voie dont ils ne virent point l’issue. Ils passèrent la mer, et allèrent à la cour de Henri II, en Normandie, porter des plaintes et chercher des armes contre celui qui, dans la grande famille chrétienne, était leur supérieur immédiat et leur père.

Thomas se retrouvait parmi les siens, et cependant il ne découvrait autour de soi que des sujets de chagrin et de dégoût. Son église était envahie par des pasteurs mercenaires qui en son absence s’étaient glissés dans le bercail ; ses terres étaient dévastées, ses maisons délabrées, ses greniers vides, ses serviteurs dépouillés et battus par des malfaiteurs qui se disaient gens du roi. Chaque jour lui apportait quelque fâcheuse nouvelle, et, s’il en appelait à la justice publique, elle restait sourde à son appel. Il résolut donc d’aller présenter ses réclamations et ses hommages au jeune prince, fils aîné d’Henri, et autrefois son élève, qui résidait a Woodstock, près de Londres. Mais la porte du château lui fut interdite, il reçut ordre de retourner à Cantorbéry, et plusieurs personnages influents de Londres furent punis pour lui avoir rendu quelques honneurs. Les fêtes de Noël approchaient-~ il les attendit dans le recueillement et dans la prière, captif entre les murs de sa maison archiépiscopale. Le jour de Noël, il monta en chaire, parla au peuple assemblé, annonça sa mort prochaine. Des sanglots répondirent à ses paroles : la vaste cathédrale fut