Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/54

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monarque, le preneur de villes et le fondateur de tant d’églises, respire encore dans ce bel édifice qu’il rebâtit. Le plan dessine une croix latine. Avant l’achèvement de sa cathédrale, Burgos n’avait rien de plus grave et en même temps de plus hardi que ce vaisseau, où la sévérité byzantine sert pour ainsi dire de tige au premier épanouissement de l’architecture gothique. On comprend que les souverains du treizième siècle en aient fait l’église royale, la basilique de leurs fêtes et de leurs triomphes, le lieu de leur sépulture, en un mot le Saint-Denis de la Vieille-Castille. Pendant cent cinquante ans, les successeurs d’Alfonse VIII ne connurent guère les loisirs. qui font la splendeur d’un règne et la prospérité d’une capitale. On voit les rois s’enfermer dans Tolède pour surveiller de plus près les mouvements des infidèles, forcer les portes de Séville, de Xérès, de Gibraltar. Mais c’est presque toujours à Burgos, c’est à Sainte-Marie de las Huelgas qu’ils viennent chercher la couronne, la bénédiction de leurs noces, et la seule paix qu’ils connaissent, celle du sépulcre. La, saint Ferdinand se fit armer chevalier et l’évêque Maurice avait béni les armes, Ferdinand prit lui-même l’épée sur l’autel, mais le doux jeune homme se la fit ceindre des mains de sa mère. Là, Alfonse XI, Henri II, Juan I°, célébrèrent leur couronnement. Et, pour finir par où les grandeurs finissent, le tombeau d’Alfonse VIII et celui de sa