Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/96

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À mesure que nous approchons de la frontière, nos souvenirs de voyage nous deviennent plus chers, et nous n’en voulons rien perdre. Et pourrions nous passer sous silence la petite ville d’Irun, qui représente en raccourci l’Espagne moderne, comme nous avons vu l’ancienne dans les ruines de Fontarabie ? Voici donc l’église d’Irun, spacieuse, pleine d’une foule recueillie ; à l’ombre du clocher, les écoles communales dont la fraîche propreté inviterait à l’étude les enfants les plus mutins le marché tout bourdonnant d’actives et malicieuses paysannes. Le palais de l’Ayuntamiento ne manque pas d’élégance dans ses justes proportions ; au devant, sur une colonne, s’élève l’image de saint Jean-Baptiste, patron de la petite cité; enfin de blanches maisons laissent voir dans leurs cours les lauriers et les jasmins que je rêvais ailleurs. Oh ! que ce serait bien le lieu de disserter, pendant qu’avec une lenteur solennelle on vise nos passe-ports ! Et pourquoi, dans un temps où les peuples ont tant de conseillers, refuserais-je mes conseils à un peuple que je connais depuis huit jours ? Je dirais à l’Espagne qu’elle a fait avec le saint-siége une paix bonne et sage, qu’elle a noblement défendu son indépendance contre les intéressés qui la voulaient mettre en tutelle ; qu’enfin elle a enseigné à des nations plus expérimentées qu’elle comment on peut maintenir la tradition de l’autorité sans étouffer les libertés publiques. Il lui reste à re--