Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/110

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le mystère

Parce que je sais ce que c'est que la perfection, je ne

leur en demande pas tant. Parce que je suis parfait et il n'y a que moi qui est

parfait. Je suis le Tout-Parfait. Aussi je suis moins difficile. Moins exigeant. Je suis le Saint des saints. Je sais ce que c'est. Je sais ce qu'il en coûte. Je sais ce que ça coûte, je sais ce que ça vaut. Les

Pharisiens veulent toujours de la perfection Pour les autres. Chez les autres.

Mais le saint qui veut de la perfection pour lui-même En lui-même Et qui cherche et qui peine dans le labeur et dans les

larmes Et qui obtient quelquefois quelque perfection, Le saint est moins difficile pour les autres. Il est moins exigeant pour les autres. Il sait ce que c'est. Il est exigeant pour soi, difficile pour soi. C'est plus

difficile.

��Les Pharisiens trouvent toujours les autres indignes et

tout le monde indignes. Mais moi qui ne vaux peut-être pas ces hommes de

bien, dit Dieu, Je suis moins difficile, je trouve Que ce Joinville est homme et que c'est saint Louis qui

a trente fois vaincu. Trente fois surmonté, trente fois remonté, trente fois

surpassé la nature de l'homme.

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