Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/50

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le mystère

Penser à demain, savez-vous seulement comment je ferai demain.

Quel demain je vous ferai.

Savez-vous si moi-même je l'ai arrêté encore.

Je n'aime pas, dit Dieu, celui qui se méfie de moi.

Croyez-vous que je vais m'amuser à vous faire des attrapes, comme un roi barbare.

Croyez-vous que je passe ma vie à vous tendre des pièges et à prendre plaisir à vous voir tomber dedans.

Je suis honnête homme, dit Dieu, et j'agis toujours droitement.

Je suis l'honneur même, et la droiture, et l'honnêteté.

Je suis bon Français, dit Dieu, droit comme un Français.

Loyal comme un Français.

Je suis le roi de France, droit comme le roi de France.

Ce que le dernier des pauvres n'eût pas craint de saint Louis, allez-vous le craindre de moi ?

Enfin je vaux peut-être saint Louis.

Croyez-vous que je vais m'amuser à vous faire des feintes comme un bretteur.

Toute la malice que j'ai, c'est la malice de ma grâce, et la feinte et la ruse de ma grâce, qui si souvent joue avec le pécheur pour son salut, pour l'empêcher de pécher.

Qui séduit le pécheur; pour le sauver. Mais croyez- vous. Croyez-vous que moi Dieu que je vais m'amuser à leur faire des misères et ce que ne ferait pas un hon- nête homme. Je suis bon chrétien, dit Dieu. Croyez- vous que je vais m'amuser à les surprendre comme un assassin de nuit.

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