Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/70

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le mystère

Singulier jeu, je suis son partenaire et son adversaire Et il veut gagner, contre moi, c'est-à-dire perdre. Et moi son adversaire je veux le faire gagner.

��Et le royaume du Notre Père est le royaume même de l'espérance : Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour.

(Et le royaume du Je vous salue Marie est un royaume plus secret).

��Celui qui a dit le soir son Notre Père peut dormir

tranquille. Croyez-vous que je vais m'amuser à faire des misères à

ces pauvres enfants. Suis-je pas leur père. Et que je vais m'amuser à leur faire des surprises comme

on en fait à la guerre. Est-ce que je leur fais la guerre?

Oui je leur fais la guerre, mais on sait bien pourquoi. C'est pour les empêcher de perdre la bataille. Je suis un honnête homme, dit Dieu. Croyez-vous que je vais m'amuser à les prendre dans

leur sommeil Comme un homme de guerre qui prend son ennemi. Croyez-vous que j'aie quelque goût à les prendre en

défaut. Et que ça m'amuse, de condamner. Pauvres gens. Je vous le demande. Suis-je donc un bourreau d'Orient?

6a

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