Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/72

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le mystère

Croyez-vous que je vais le prendre en traître? Et qui serais-je, moi leur père. Non, non, rassurez- vous. Suis-je donc un mercenaire qui ramasserait Et qui volerait du bois pour son feu. Quand un de ces malheureux meurt dans son sommeil, Ayant fait sa prière du soir. Son Notre Père et son Je vous salue Marie, C'est bon signe ; son affaire est bonne. C'est signe qu'il était mûr pour paraître devant mon

tribunal. Mûr dans le bon sens. Voilà les surprises que je fais. Je le jugerai comme un

père. Un homme avait deux fils. Et l'on sait comment les

pères jugent. Celui qui a fait sa prière peut lever l'ancre Pour la traversée de la nuit. O nuit, dit Dieu, ma fille au grand manteau, ma fille au

manteau d'argent. Par toi j'obtiens quelquefois le désistement de l'homme. Et le renoncement de l'homme. Et le déraidissement de l'homme. Et qu'il se taise, surtout, qu'il se taise, il n'en finit pas

de parler. Pour ce qu'il dit. Pour ce que ça vaut ce qu'il dit. Et qu'il cesse de penser. Pour ce que ça vaut. Créature à la nuque raide. Créature aux tempes

barrées. Je n'aime pas, dit Dieu, Celui qui a la tête comme un morceau de bois. Les

idoles aussi étaient en bois.

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