drions bien pourtant ; Guste et toi, vous ne vous battriez pas, je pense.
Le garçon, en guise d’approbation, donna à Séverin une bourrade amicale. Mais Delphine riait sournoisement en pelant une pomme. Elle dit, avec un air de vouloir faire fondre un gros secret sous sa langue :
— Ils ne se battraient pas ? Cela dépend bien !
— Comment ! Cela dépend bien ! Et de quoi cela dépend-il ?
— De Marichette, donc !
Le Guste devint rouge comme une framboise.
— Tais-toi, canette ! dit le père.
Ils avaient fini de souper. Bernou cherchait sa pipe.
— As-tu du gros tabac, clairon ? fit-il ; as-tu songé à nous, au moins, avant de revenir ?
Séverin désigna du doigt sa musette qui séchait sur une chaise.
— Donne donc mes biens, Fifine.
La jeune fille éleva la musette au-dessus de la table et fouillant sans gêne, éparpilla deux ou trois mouchoirs, une pipe à tête de Turc, un cahier roulé et trois paquets de tabac.
— Et moi ! cria-t-elle, je n’ai rien, moi ?
Séverin, en vérité, avait bien pensé à elle ; il avait marchandé un petit crochet d’argent pour sa chaîne à ciseaux, mais il avait reculé devant la dépense. Il s’en voulait beaucoup à présent qu’il la trouvait si galante, et il regrettait l’achat de la pipe.
La petite, du reste, n’attachait aucune importance à cet oubli. Elle s’empara du cahier.