Page:Péron - Voyage de découvertes aux terres australes, 1807, volume 1.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venir relâcher une seconde fois à l’Île-de-France ; de là, dans notre traversée de retour en Europe, calculé pour le printemps de 1803, la reconnoissance d’une portion de la côte Orientale d’Afrique, sur laquelle il restoit encore quelque incertitude aux Géographes, eût terminé utilement la suite de nos longs travaux.

Tel fut le plan général tracé par le Gouvernement à notre chef, plan dont l’exécution littérale auroit rendu ce voyage l’un des plus rapides et l’un des plus fructueux qui eussent été faits jusqu’à ce jour. J’exposerai successivement, dans l’ordre des époques où elles eurent lieu, les modifications qu’il éprouva ; on peut cependant juger déjà, par l’exposé succinct que je viens de faire ici, combien, sous le rapport du perfectionnement de la navigation et de la géographie, cette expédition étoit importante : plus de cinq mille lieues marines de côtes inconnues ou très-mal connues, dévoient être explorées en détail ; jamais aucun navigateur, Vancouver seul excepté, n’avoit eu de mission plus difficile. En effet, ce ne sont pas les navigations au milieu des mers, quelque longues qu’elles puissent être, qui traînent à leur suite les revers ou les naufrages ; ce sont celles qui, bornées à des rivages inconnus, à des côtes sauvages, présentent à chaque instant de nouvelles difficultés à vaincre, de nouveaux dangers à courir. Ces difficultés et ces dangers, triste apanage de toutes les expéditions destinées à faire de la géographie de détail, recevoient un caractère plus imminent encore de la nature des rivages que nous devions explorer : nul pays, en effet, ne s’est montré, jusqu’à ce jour, plus difficile à reconnoître que la Nouvelle-Hollande, et toutes les grandes navigations qui y ont été faites, ont été marquées par des revers ou par des tentatives impuissantes : ainsi Pelsar, à la côte de l’Ouest, fut une des premières victimes de ces rivages ; Vlaming a parlé des débris de navires qui couvroient l’île Rottnest, lorsqu’en 1697 il aborda sur cette île, et nous y en avons trouvé nous-mêmes de beaucoup plus récens ; l’audace du capitaine Dampier et sa longue expérience