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agréablement notre marche. Pendant que les domestiques sont en train d’apprêter le souper, je me suis retiré seul dans un coin de la maison pour vous écrire cette lettre à la hâte et sans préparation, de peur que si je différais, mes impressions venant à changer par suite de la différence des lieux, mon envie de vous écrire ne se refroidît. Voyez, tendre père, combien je tiens à ce que rien en moi ne soit caché à vos regards, puisque je vous découvre si exactement non seulement ma vie tout entière, mais chacune de mes pensées[1]. Priez pour elles, de grâce, afin que si longtemps vagabondes et inconstantes elles s’arrêtent enfin et que, ballottées très inutilement de tous côtés, elles se tournent vers le seul bien vrai, certain, stable. Adieu[2].

Malaucène, 26 avril (1336).

  1. Le P. Dionigio Roberti était son directeur spirituel.
  2. Cette lettre où Pétrarque a mis son âme à nu n’est pas datée de Vaucluse ; Malaucène en est à quelques lieues ; mais l’intérêt capital qu’elle présente nous fera pardonner de l’avoir introduite dans ce recueil.