Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ami mais un frère excellent, mais un père ; aussi se montraient-ils partout bienveillants, nulle part hostiles. C’est pourquoi, en réfléchissant à tout cela, j’étais persuadé (et vous partagiez mon avis) que tout l’univers fût-il bouleversé par la guerre, cet endroit resterait calme et paisible. Ce qui me le faisait croire, c’était le respect de l’Église romaine et surtout son voisinage, mais plus encore la pauvreté dont la sécurité est absolue et qui se moque de l’avarice et des armes.

Vous allez ensuite apprendre une chose qui pourra vous étonner. Lorsque j’étais encore là, des loups étrangers se ruèrent par bandes jusque dans les maisons du bourg et, après avoir égorgé les troupeaux, laissèrent les habitants du lieu effrayés et tremblants. Ce ne fut pas seulement un dommage, ce fut, à mon avis, l’augure et le présage des loups armés qui allaient venir. En effet, peu de temps après mon départ, une poignée de voleurs vils et méprisables, mais enhardis par la lâcheté des habitants, parcoururent et saccagèrent tous les environs. Finalement, en pieux bandits qu’ils étaient, voulant du produit de leur vol sacrifier dans les règles à Laverne, déesse des voleurs, le jour même de Noël, ils