Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/37

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Jupiter[1] debout sur ces rochers et réparant son nid annuel pour sa progéniture à venir, si rien de tout cela ne vous plaît, si de plus mon amitié et ma tendresse n’ont pu, mon père, en vous priant, fléchir un peu la dureté de votre résolution et ébranler votre âme inflexible, afin que, quittant les splendeurs de la Cour romaine, vous vissiez notre retraite et que, prenant pitié de votre ami solitaire, vous vinssiez visiter pendant quelques jours son toit fidèle en le jugeant digne de la présence d’un si bon maître, si toutes mes prières ont été vaines, voici enfin la dernière qui fera main basse sur elle ; elle enchaînera votre cœur dur et, malgré vos hésitations, vous tirera jusqu’ici par un solide grappin.

Près de la fontaine transparente s’élève un énorme peuplier qui de la voûte épaisse de ses branches ombrage à la fois la rivière, les bords et plusieurs arpents voisins. On raconte que jadis, en cet endroit, le grand Robert, épris des charmes du lieu, les yeux et l’esprit frappés de la nouveauté du spectacle, reposa longtemps sur un tertre fleuri ses membres fatigués et sa tête chargée de soucis, et loua le silence de cette

  1. L’aigle.