Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/58

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le soleil vous réchauffe de ses rayons. Les doux chants des oiseaux, à l’ombre, et leurs riantes couleurs vous égayent. La reine des chantres des bois, Philomèle, y fait entendre ses accords. Mais un petit oiseau la surpasse par sort gosier harmonieux. Je l’ai souvent remarqué en le voyant se cacher dans l’ombre au haut d’un arbre touffu. C’est un oiseau de toute beauté ; je ne saurais lui donner son vrai nom, peut-être le lui donnerez-vous en lisant son portrait. Il a la tôle noire et les ailes vertes ; il aime à s’ébattre sous les pampres ; jamais petit corps n’a eu plus de souffle et n’a su mieux charmer les oreilles[1].

Tout cela, on attisant sans cesse l’étincelle assoupie au fond de mon cœur, me fait craindre un incendie que je connais, J’avais renoncé à l’amour et il était bien temps. Toutefois Cupidon rassemble de nouveau toutes ses armes et ses traits d’or. Je l’ai vu repasser ses dards sur une pierre légère et essayer avec le doigt le tail-

  1. « Ami lecteur, avez-vous jamais entendu, par un beau malin de printemps, la voix d’une mésange à tête noire ? Ce joli petit animal, qui mange la cervelle des autres oiseaux, élève vers le ciel une frêle et mignonne chanson qui semble humide de rosée. » (Edmond About. Madelon, XVII.)