Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/64

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Les nymphes, en passant auprès, gémiront sur leur perte, et verront notre joie. Le fruit de tous leurs efforts se réduira peut-être à dos menaces et à un vain murmure. Mais il ne faut pas nous attribuer tout le succès. Nous avons senti manifestement le secours de la canicule, le secours du Lion qui nous ont procuré la faveur de Phébus. Celui-ci prit ouvertement les armes pour notre défense ; avec son arc, son carquois léger et ses flèches brûlantes, il combattit au milieu du jour et nous aida d’en haut. Pendant la nuit sa sœur complaisante, comme pour rivaliser avec son frère, prolongea la durée de la lumière et fit reculer les ténèbres. Toutefois je devine le projet des nymphes et leurs machinations secrètes. Elles attendent que les astres orageux ramènent la glace, les vents et les neiges, et que le Verseau répande les torrents de son urne. Elles me font mille menaces si je ne me liens pas alors sur mes gardes. Cet antre[1] vomira de sa vaste ouverture un fleuve rapide, et par ses gouffres profonds se hâtera de porter secours aux vaincues. J’ai tout prévu. Déjà en arrachant une partie du rocher, et en entassant les pierres du

  1. L’antre d’où sort la rivière de la Sorgues.